Pauline Maglione, spécialiste du yoga, nous fait part de son projet, dont l’objectif est de prendre soin de ceux qui soignent.
L’ISJ a financé les sessions de cours de yoga, au sein du service de cardiologie, projet initié par le Dr Anne Rollin.
"L’Institut Saint-Jacques a joué un rôle clé car il a permis la concrétisation de ce projet."
Madame Maglione, Comment ce projet est-il né ? Quel rôle a joué l’ISJ ?
Cardyoga est né de ma rencontre avec le Dr Anne Rollin, qui suivait mes cours. Elle a eu la gentillesse et la bienveillance d’initier ce projet car elle avait entendu l’écho des projets mis en œuvre par l’ISJ qui contribue en partie à prendre soin du personnel soignant du CHU durant cette période de COVID très compliquée. Le Dr Anne Rollin est une personne à l’écoute et très investie auprès de son équipe, voyant personnellement les bienfaits de la discipline, elle a effectué un sondage informel pour voir si des personnes seraient intéressées par les sessions de yoga. Elle a tout de suite eu des retours positifs au sein de son service de cardiologie. L’ISJ a accueilli ce projet avec une ouverture d’esprit remarquable et a fait preuve de réactivité pour la mise en place de ce projet. […] Il n’y a pas une séance où je n’ai pas de bons retours, les personnes expriment leur joie et sont extrêmement reconnaissantes d’avoir ces séances de yoga. La démarche a été appréciée et reconnue, il est compliqué d’institutionnaliser ce type de pratique en milieu public. […] C’est un bonheur partagé de mettre la pratique du yoga à la disposition de tous, et à n’importe quel endroit ! Les séances sont tellement appréciées que des personnes se rendent aux cours, même sur leur temps de vacances.
Les équipes médicales ont été réceptives et d’une grande écoute. Leur réactivité formidable ! […] Je ne connaissais pas l’Institut Saint-Jacques avant ce projet, et j’ai été agréablement surprise par cette écoute et l’investissement des personnes travaillant en ce lieu. »
En quoi le yoga peut- il être utile pour nos équipes ? Avez-vous eu des retours ? Quels sont-ils ?
Les postures de yoga permettent de soulager certaines douleurs, notamment au niveau du dos et des jambes à cause d’un mauvais positionnement. La posture debout correctement appréhendée par le Yoga, permet de mieux apprendre à gérer sa respiration. Nous avons des effets positifs très rapidement. J’ai noté également qu’en fonction du poste occupé, il y a de vraies contraintes physiques pour les professionnels de santé. Par exemple, les infirmières de bloc portent des tabliers relativement lourds […] je souhaitais leur donner des outils pour les aider au quotidien pour leur apprendre à gérer leur stress et leur permettre d’appréhender leur travail en toute sérénité. On ne fait pas du yoga par hasard, il y a une réelle volonté de faire un travail profond en soi, certaines personnes n’en avaient pas conscience en franchissant la porte de mon cours et cela a été un vrai moment d’accompagnement et j’en suis très heureuse ! C’est grâce à la participation de l’Institut Saint-Jacques et au Dr Anne Rollin que ce projet a pu voir le jour au sein de l’hôpital.
Il se trouve que le cours est exclusivement composé de femmes. D’après leurs témoignages, il n’est pas facile de combiner une activité sportive ou de détente avec l’organisation professionnelle, au vu des horaires qu’elles ont mais aussi de l’aspect financier. Ces femmes ont un vrai besoin de trouver du temps pour elles, et il y a toujours cette nécessité de respecter un équilibre entre leurs horaires de travail et leur vie personnelle et familiale. Donc arriver à leur apporter un apaisement et une sérénité sur leur lieu de travail est un réel bonheur et une opportunité positive ! Dans les discours que j’ai retrouvés, quel que soit le poste, ce projet a énormément été apprécié. C’est formidable que l’Institut Saint-Jacques ait pu permettre de le développer en interne. J’espère qu’il sera proposé d’autres projets de ce type, et de manière pérenne pour favoriser l’épanouissement au travail. C’est une volonté commune qui est revenue très souvent de la part des personnes qui se sont rendues à mes séances de yoga car cela répond parfaitement aux vraies contraintes du métier (être debout, piétiner, etc.) Ce serait bénéfique pour l’Hôpital entier car un personnel qui se sent mieux, est un personnel qui travaille mieux sur le long terme et s’implique dans de meilleures conditions. Je pense que cela permet un meilleur sentiment de reconnaissance et de considération dans une structure aussi immense !
Comment se déroulaient les séances ? Combien y avait-il de participants ?
Les séances se déroulaient dans une salle de réunion aménagée que l’Hôpital avait mis à notre disposition ; j’apportais le matériel pour plus de praticité et pour éviter des coûts supplémentaires. Il y avait 10 personnes et j’adaptais mon cours, elles venaient soit en début de leur service soit à la fin. Le docteur Rollin ainsi que Marine Signorel, infirmière au CHU de Toulouse, avaient très bien pensé la plage horaire afin qu’un maximum de personnes bénéficient du cours. On se retrouvait toujours deux fois par semaine, pendant 1h. Les séances se déroulaient toujours de la même façon, dans un premier temps un exercice de respiration ensuite un bref échauffement du corps, venaient ensuite les salutations au soleil, des postures debout et au sol. Nous finissions toujours avec un temps de méditation, que j’adaptais en fonction de leur journée et de leur état de récupération. L’idée a toujours été de m’adapter au mieux aux personnes.
"« L’objectif pour moi d’initier ce projet était double. D’une part permettre aux participants d’abaisser leur niveau de stress et de prévenir les douleurs en particulier dorsales si fréquentes au sein de nos professions, et d’autre part de permettre un moment de convivialité entre soignants, tous à égalité en tenue de sport ! »"
L’organisation / la mise en place de ces séances étaient-t-elles faciles ? Est-ce qu’il y avait régulièrement du monde et une réelle volonté des équipes de revenir à chaque séance ?
Pour moi, la mise en place de ces séances était très facile. Tout était préparé en amont par le Dr Rollin et Marine Signorel. Elles ont eu énormément de mérite concernant ce projet car elles se sont investies à 100%, en passant par les réservations des places, la location de la salle, la gestion de planning, etc. Le projet touche bientôt à sa fin, et de nombreuses personnes se demandent si elles ne vont pas se rendre dans les salles privées où je donne des cours, pour prolonger ce travail car elles n’ont pas envie d’arrêter.
"Nous essayons de trouver une solution pour adopter à long terme la pratique du yoga sur place, les personnes l’ont totalement intégré à leur quotidien ! L’objectif est atteint, je suis comblée et les personnes se rendant à mes cours aussi."
Pour élargir le sujet, est-ce que vous avez déjà pratiqué avec des patients malades une « yoga thérapie » ?
Peut-on utiliser la pratique du yoga avec des personnes malades ? Le YOGA peut-il œuvrer à l’amélioration de l’état de santé des malades ?
Cela me fait plaisir d’aborder ce sujet car mon souhait c’est d’apporter le yoga à tout le monde. J’ai la chance d’être en contact avec des profils très différents : enfants, séniors, personnes malades, athlètes. C’est très satisfaisant pour une personne malade de se rendre compte que son corps peut lui permettre de pratiquer le yoga ! J’ai eu l’opportunité de donner des cours de yoga à des personnes suivant une chimio thérapie, elles n’ont pas abandonné le yoga car cela leur faisait énormément de bien, il est important de s’écouter mais de continuer à avoir une activité, une dynamique et de ne pas laisser la maladie prendre le dessus sur tout.
Avez-vous un dernier petit mot à ajouter pour clôturer ce moment d’échange ? Peut-être un petit bilan ?
Le mot serait « Bienveillant », car je trouve que c’est le terme qui a caractérisé la démarche de l’Institut Saint-Jacques, d’avoir mis en œuvre ce projet, d’avoir amélioré le quotidien du personnel soignant. J’ai une pensée particulière également pour la bienveillance du Dr Anne Rollin. Elle a tout fait avec son cœur pour améliorer les conditions de travail de son équipe et de son service.
Cet article a été rédigé par Nina Vergne, stagiaire en communication à la Direction Générale du CHU de Toulouse (février – août 2022)